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ses habitudes, s’en vint un beau matin se tapir derrière une haie et attendit.

La crête au vent, l’œil en sang, les plumes en bataille, en tête du troupeau gloussant, Chanteclair approchait. Mais il n’avait ni la galanterie facile ni l’audace fanfaronne des jours de belle assurance : visiblement il sentait un danger. Goupil fit sonner son grelot et ce son domestique rassura l’ennemi ; puis, avec une patience de vieux chasseur, il le laissa doucement approcher et quand il fut bien près et dans l’impossibilité de lui échapper, Renard fit dans sa direction un bond prodigieux, le poursuivit l’atteignit, lui broya le poitrail entre ses mâchoires, et, fier de sa victoire, portant haut sa tête narquoise, insoucieux de la déroute des poules, il l’emporta dans la forêt où il le dépluma et le mangea.

Il décima ensuite facilement le stupide troupeau de poules de son voisin le fermier ; mais il y allait à intervalles si variables, à des heures si différentes que l’autre ne pouvait songer à le surprendre et, ne l’ayant point vu, n’ayant eu vent de l’identité du voleur que par le son du