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Maintes fois, couché sur le dos, les pattes de derrière en l’air, raidies par la volonté et la colère, il avait, de celles de devant, frotté son cou de battements réguliers et nerveux pour repousser ou briser l’étreinte métallique du fil de fer de Lisée. Il ne réussit qu’à se peler entièrement le cou de chaque côté de la tête, et à se meurtrir les ongles des pattes, mais le collier qui le tenait ne desserrait point son étreinte et à chaque battement de patte le tintement du grelot semblait un rire insolent ou un ironique défi. Et Renard cherchait à s’y habituer, mais en vain, et des colères terribles que rien ne pouvait refréner lui serraient la gorge et contractaient ses muscles. Il fallait pourtant vivre.

Il vécut.

Tour à tour les herbes de la plaine et les fruits des bois, et les hannetons qu’il secouait des arbustes lui fournirent la pâtée quotidienne ; puis ce furent les nids des petits oiseaux qu’il savait découvrir derrière les boucliers de verdure des haies et sous les herses épineuses des groseilliers sauvages. Tantôt il en gobait les