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solitude, s’arrêta net et jeta un coup d’œil en arrière.

Il n’avait pas encore tourné la tête que le son grêle et saccadé du grelot déchirait de nouveau son oreille et le rejetait avec toutes les affres du doute dans une nouvelle course à travers les bois.

Il courut toute la nuit, sans une trêve, jusqu’à ce que ses pauvres pattes enflées et raides se dérobant sous son corps le jetèrent sur le sol, loque inerte, à quelques pas d’une source où il roula inconscient, à demi mort, sans un regard et sans une plainte.

Et aussitôt, comme si son œuvre était accomplie, le grelot se tut.


VI

Nul ne saurait dire le temps que Goupil passa dans cette prostration totale qui n’était plus la vie et n’était pas encore la mort. La force vitale du vieux coureur des bois devait être bien puis-