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Redoublant de vitesse il s’enfonça dans la nuit ; il ne regardait rien, ne sentait rien, ne voyait rien ; il n’entendait que le bruit du grelot dont chaque tintement comme un coup de fouet cinglait son courage chancelant, relevait ses pattes qui butaient et semblait frotter d’une huile réconfortante ses muscles recrus.

La lisière du bois était proche avec son mur bas aux pierres moussues, écroulées par endroits, son fossé à demi comblé ; il le franchit d’un bond à une brèche de mur, près de l’ouverture d’une tranchée d’où les lièvres sortaient habituellement pour aller pâturer. Il passa là sans réfléchir, poussé par une force instinctive qui lui disait peut-être que le chien abandonnerait sa piste pour courir un lièvre déboulé devant eux ; mais Miraut était tenace et le grelot continua de tinter avec lui.

La tranchée rectiligne, non élaguée par les gardes, semblait bondir vers une « sommière » comme une immense arche de verdure, d’où les branches plus basses pendaient comme des guirlandes. Les étoiles à travers leur lacis s’allu-