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tentissaient quand il suivait sa piste et que tous les échos du bois lui renvoyaient. Cette poursuite silencieuse n’en était que plus terrible, plus affolante par le mystère dont elle s’entourait. Le chien sans doute devait le serrer de près, il s’apprêtait peut-être à le saisir et Renard croyait à chaque instant sentir un croc aigu lui traverser la peau ; déjà il croyait percevoir le froissement des muscles des jambes du limier s’efforçant à l’atteindre et la respiration précipitée de ses poumons essoufflés.

C’était une lutte de vitesse, une lutte désespérée dans laquelle le mieux musclé, le plus persévérant vaincrait l’autre.

En attendant, et parallèlement, sans rien gagner ni rien perdre, le grelot s’attachait résolument à ses trousses. Lutte héroïque, mais inégale : d’un côté, le chien plein de vigueur, altéré de vengeance ; de l’autre, Goupil affamé par onze jours de jeûne, affaibli par la fièvre et soutenu seulement par l’instinct de conservation qui lui ferait user ses dernières forces avant de s’abandonner à son sort.