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par des grognements significatifs, affirma lui aussi son implacable vigilance.

Une angoisse plus terrible qui lui fit oublier tout : la faim, la soif, la souffrance, tortura de nouveau le cerveau de Goupil. Le danger avait changé de forme, mais il était plus immédiat, plus certain, plus terrible encore. Il regretta presque les heures atroces où il mourait de faim dans son trou et se demandait à quel supplice il allait être voué avant de mourir.

Il se voyait déjà attaché par les quatre membres, livré à la dent des chiens ou servant de cible aux coups de Lisée. Il se représentait à demi écorché, la chair pantelante, les os brisés et croyait sentir s’enfoncer dans ses muscles les plombs aigus, venus on ne sait d’où, qui restent comme une épine inarrachable et par les trous desquels le sang coule, coule toujours, sans cesse et sans remède.

Miraut déjà montrait des crocs aigus, et, pour répondre à cette provocation, Goupil, à travers les mailles de la muselière, découvrait lui aussi, sous un froissement de mufle, des gencives déco-