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sommeil la saine clarté et de jouir du beau soleil qui montait à l’horizon.

Mais au fur et à mesure que la conscience lui revenait les sensations se modifiaient ; d’abord ce fut aux pattes et au cou une impression de gêne et dans la tête un sentiment de lourdeur ; puis brutalement la sensation d’une odeur étrangère, l’odeur de l’homme et du chien mordant son cerveau sans souvenir le rappela violemment à la réalité. Il ouvrit tout grands ses yeux de fièvre et vit tout : l’homme qui le portait, le chien qui le suivait, ses pattes emprisonnées dans les rudes mains du braconnier, et le village au loin avec ses toits de laves, ce village mystérieux plein de pièges et d’ennemis.

Il eut un roidissement instinctif et désespéré de tout son être, une détente formidable de tous ses muscles pour tenter de se faire lâcher de Lisée et de prendre sa fuite à travers la forêt. Mais l’homme veillait ; il serra plus fort ses poings noueux qui froissèrent d’une étreinte plus étroite les pattes du malheureux et Miraut,