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muselière dans laquelle il enferma le museau du vieux fouinard, lui lia avec son mouchoir les pattes de derrière, démonta le piège, qu’il dissimula dans un fourré voisin, puis, de ses deux mains saisissant Renard par les quatre pattes, le jeta sur ses épaules comme un collier et reprit de son même pas rapide et lourd le chemin du village.

Miraut suivait par derrière, l’œil rivé au nez pointu qui ballottait sur l’épaule de l’homme. Le rythme de la marche, la chaleur du soleil, l’air balsamique et pur de ce beau matin de printemps rendirent peu à peu à Goupil l’usage de ses sens.

Ce fut d’abord une sensation très douce de soulagement et de légèreté qui contrastait avec la douleur aiguë et l’angoisse atroce éprouvées en sentant le piège qui le happait ; puis l’agréable dilatation de ses poumons sous la poussée de l’air frais et odorant suscita le souvenir jumeau des temps de libre divagation dans les bois, enfin, ce fut pour lui une joie inconsciente de revoir à travers les brumes du