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fermés avec le choc qui lui avait fait perdre connaissance. Il y avait peut-être un quart d’heure qu’il était ainsi lorsque parut Lisée.

Un sourire méchant et dédaigneux indiquait que le triomphe du vainqueur était mitigé par le peu de cas qu’il faisait de la valeur du vaincu. La peau ne valait plus rien, et quel pauvre diable, si affamé fût-il, après avoir selon la coutume laissé geler la chair pour lui enlever en partie son odeur de sauvage, eût osé s’attaquer à une aussi minable dépouille !…

Tout à coup le braconnier, qui observait attentivement sa victime, vit frémir les flancs de Goupil. Celui-ci, en effet, n’était qu’évanoui.

Une idée aussitôt, une idée féroce de vengeance et de farce germa dans le cerveau de Lisée.

Silencieux toujours, il détacha le collier de son chien qu’il boucla immédiatement au cou de Renard et fouilla les poches d’un vieux pantalon de droguet qui laissait voir par endroits la trame bleuâtre du coton. Avec des morceaux de ficelle qu’il en tira, il confectionna fort vite une solide