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d’un mur, une silhouette féline s’est précisée dans la lumière. Ses grands yeux sombres ont choqué dans la nuit les prunelles phosphorescentes du domestique, et, d’un bond formidable, il s’élance sur ses traces.

Le chat sait bien que la menace de ses griffes, suffisante pour réfréner l’audace des chiens, n’arrêtera pas l’élan du vieux sauvage et que la fuite ne le protégera pas non plus de l’atteinte de Goupil. Mais un pommier est proche. Il y atteint, il y grimpe déjà quand un coup de dent sec l’arrête et le livre à son ennemi qui l’achève. Et la nuit silencieuse retentit d’un sinistre et long miaulement, un miaulement de mort qui fait longtemps aboyer au seuil de leur niche ou au fond des étables tous les chiens du village et des fermes voisines. »

Et d’autres souvenirs encore chantèrent ou frémirent en lui pendant que les heures enchaînaient leurs maillons monotones et que les jours s’éternisaient.

Puis les idées de Goupil s’imprécisèrent, se brouillèrent : les souvenirs des repues se mêlè-