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comme d’habitude s’était couchée avec le crépuscule un peu après la rentrée des poules.

Tapie dans son retrait, les plumes ébouriffées, la tête enfoncée dans le cou, le bec pendant, les paupières nues, closes, elle frissonnait, en proie à un de ces cauchemars impossibles où s’associent les sensations les plus burlesques et les plus douloureuses.

La lumière d’une des lampes à pétrole, dégarnie de son abat-jour, donnait en plein dans son recoin, et il lui semblait qu’une horde de chats et de poules, alliés contre elle, l’entourait, la menaçant de cigarettes allumées et brûlantes. Elle se secouait pour échapper à leur poursuite, levant les pattes alternativement et fermant désespérément son bec de toutes ses forces pour ne pas être brûlée.

Les deux syllabes de son nom, violemment prononcées, la tirèrent ahurie de ce sommeil pénible. Elle ouvrit ses yeux, qu’elle referma aussitôt avec douleur dans le choc brusque de lumière aveuglante dont ils furent emplis. Mais l’appel fut répété : Margot !