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humeur querelleuse s’en accentuait ; aussi s’attira-t-elle de verts grognements de Miraut, de légers coups de pied au derrière des ivrognes et quelques sérieux coups de griffe de Mitis.

Maintenant elle ne voulait plus boire que du vin, et quand, pour une bonne plaisanterie, un client lui tendait un verre contenant de l’eau, dès qu’elle y avait trempé le bec, prise de colère, selon l’inspiration du moment, elle flanquait un bon coup de bec au mauvais plaisant ou bien de la tête et du cou lui renversait brusquement son verre.

Elle subit dès lors sans défiance, dans le désarmement passif de la brute qu’aucun noble subconscient de bête ne domine et ne dirige, les plaisanteries les plus ineptes et les plus méchantes.

Comme elle saisissait indifféremment pour le cacher tout ce qu’on lui tendait, elle prit un jour, par le bout enflammé qu’un ivrogne lui présentait, une cigarette qu’il venait d’allumer. Il y eut un fusement de corne qui brûle, une odeur de roussi, un petit râle atroce de souffrance, et pendant que les buveurs se tordaient