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rant une insurmontable défiance. Il fallut user de ruse et faire flèche de ses sentiments bien connus de gourmandise pour l’amener an but. Comme par mégarde, un jour que Marigot était sur la table où un buveur partageait avec elle un biscuit dont elle était friande, il laissa tomber dans son verre, où il avait mis au préalable du vin blanc très sucré, le morceau qu’il tendait à la pie. Alors il lui approcha le verre et malgré son appréhension, Margot vint le retirer par petites miettes, car il s’était défait, goûtant ainsi en même temps au liquide sucré qui lui sembla exquis. C’est pourquoi, peu après, l’homme lui tendant de nouveau le verre sans l’appât du biscuit, elle y vint boire goulûment et y retourna toute seule plusieurs fois de suite.

Insensiblement on colora le liquide et on diminua la dose de sucre, si bien qu’au bout de quelque temps Margot ne buvait plus que du vin et dédaignait profondément le bol d’eau fraîche à la surface duquel la poussière surnageait comme une écume grise.

Les premiers effets du vin sur Margot furent