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pieds avec bruit et Margot, comme effrayée par ce tintamarre, filait le bec haut vers la porte. Nul n’y prit garde. L’ivrogne chercha, jura ; les autres se penchèrent aussi ; l’hôte et l’hôtesse s’approchèrent et leurs regards aigus fouillèrent les raies du pavé. Oh ne voyait rien. On frotta des allumettes, on alluma une chandelle. Rien n’apparut. L’ivrogne sacra plus fort, cria, se fâcha ! Il avait bien sorti une pièce de vingt francs (quelqu’un l’avait dû prendre), ce n’était pas un tour à jouer à un client ou à un ami ! Les autres ivrognes protestèrent de leur bonne foi, il les mit hors de cause et s’en prit au patron, qui les mettait dehors. D’abord, pourquoi les mettait-il à la porte ? Alors il y eut des injures, des menaces, des cris ; des gifles claquèrent, des coups de poings sonnèrent, des coiffures voltigèrent, le sang gicla d’un nez ; la table bascula, culbutant les litres, les verres dans un tintamarre effrayant, tandis qu’une mêlée sanglante agitait cette grappe d’hommes, se déchirant, se frappant, hurlant, dans la certitude de l’honnêteté de leur cause, et que l’hôtesse