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cier, la montre de l’homme la séduisaient ; par une prescience étonnante, elle sentait que ses hôtes l’auraient corrigée s’ils s’étaient aperçus qu’elle les dérobait ; aussi épiait-elle l’instant où elle serait seule pour, par un sentiment de possession exclusive, une avarice particulière, voler et cacher les choses brillantes qu’elle désirait. Elle vola ainsi plusieurs couverts d’argent qu’elle transporta dans un grand trou, au fond du hangar, derrière une haie défensive de fagots où elle apporta dès lors tous les objets un peu brillants qu’elle put dérober. Ce fut ainsi qu’elle suscita un jour, sans le savoir, une rixe qui faillit devenir tragique.

Elle rôdait sous les tables, une après-midi brumeuse, désœuvrée, cherchant parmi les choses quelque motif de jeu ou de chicane, se garant des pieds des buveurs qui tuaient là le temps en vidant des verres et contant des histoires.

Ils étaient là quatre ou cinq autour de la table ronde, les coudes sur un tapis de toile cirée, éclaboussé de vin, gueulant et riant, très