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raccourcis sur Margot, et se mit en devoir de lui rendre en bloc, et généreusement, les coups de bec qu’elle leur avait précédemment distribués. Ce fut un beau tumulte ; les têtes se redressèrent, abandonnant le grain, les plumes se hérissèrent, les ailes s’enflèrent, et des piaulements précipités et brefs de colère s’exhalant de tous ces becs tendus en avant firent un vacarme de caquets indescriptible. Fortes de leur nombre, de leur solidarité reconnue, le cou baissé elles s’élancèrent, cognant de toutes leurs forces sur Margot qui, devant cette horde menaçante, battit précipitamment en retraite. Mais la troupe colère la suivit, et, cognant d’un côté, tapant de l’autre, lui arrachait des plumes et lui trouait la peau.

La porte de la maison était ouverte. Elle s’y engouffra, entraînant à sa suite toute la bande furieuse, ivre de colère, assoiffée de vengeance, qui l’eût infailliblement mise en pièces si les hommes ne s’étaient brusquement levés devant cette invasion subite et n’avaient mis en déroute le troupeau gloussant.