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daient le moins, leur bondissait furieusement dessus, s’éreintant à les poursuivre et à les frapper dans la joie d’apaiser un impérieux et primordial besoin.

Elle mettait même à les rattraper un acharnement particulier, cherchant à les acculer dans quelque coin où la bestiole ahurie, désemparée, se laissait cogner en hérissant ses plumes, garant sa tête et poussant de petits gloussements étranglés de douleur et de crainte, sans songer, dans sa stupidité de bête, désarmée de sentiments courageux par un long esclavage domestique, à résister à une attaque aussi audacieusement décisive.

Tout serait bien allé et les victoires particulières sur les Picorées auraient pu durer longtemps, si, certain midi, au moment où, rassemblées en tas, elles becquetaient le grain que la main de la patronne venait de leur épandre, Margot n’avait voulu continuer ses exploits et s’attaquer à l’une d’entre elles. Mal lui en prit. Sentant sa force, toute la gent géline rassemblée, épousant la cause de la sœur, tomba à cols