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autour de Chanteclair, qui, grave, la crête en cimier, les barbillons écarlates au vent, la regardait d’un œil indifférent, comme n’appartenant point à son sérail.

Quand elle se fut bien rendu compte qu’il était réel et vivant, elle demeura un peu ahurie, et pendant longtemps elle ne s’en approcha qu’avec appréhension comme d’un être bizarre et énigmatique.

Ce ne fut que plus tard, quand elle eut bien observé ses gestes et compris sa vie, qu’elle l’engloba dans la même dédaigneuse colère dont elle enveloppait les êtres de sa gent.

Elle vécut dès lors moitié dans la cour, moitié dans la maison, se promenant, farfouillant, observant ce qui se passait au dehors, clignant de l’œil vers la rue, cherchant gravement sous les petits morceaux de bois, se perchant aussi haut que possible et guettant les moineaux qui l’agaçaient par un sentiment complexe et un peu trouble de jalousie indéfinie à les voir voleter librement, et de mépris à les sentir, de bon gré, s’approcher de l’homme. Elle cherchait à les