Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaux et des bœufs, traînant derrière eux des fracas assourdissants de ferraille, se mouvaient, criaient, menaçaient ; des hommes aux gestes cinglants, aux cris aigus, les accompagnaient ; des gamins lançant des cailloux convergeaient vers elle en hurlant : partout il y avait danger, menace d’écrasement et de mort. Le cercle sans cesse renouvelé qui lui barrait la route était infranchissable, la mort l’y guettait, les gamins lui jetaient des pierres qu’elle évitait à grand’ peine, et se rapprochaient ; il fallait au plus vite battre en retraite vers la sécurité. Ce fut une douleur atroce pour elle ; elle rentra, et, morne, désespérée, courut se cacher sous la gueule du four, près du cendrier où elle resta tout le jour, immobile et aussi désolée que l’après-midi où le maître lui avait rogné les ailes.

Avec le sommeil pourtant s’assoupit la douleur, et le lendemain, attirée par une invincible force, elle revint se percher dans l’embrasure de la croisée, défiante et résignée, observant avec soin le champ de liberté restreint dans lequel elle pourrait, à l’avenir, évoluer sans péril.