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se fût emparé d’elle, elle s’enfuit vers sa cage fermée où elle ne put rentrer, tourna autour, se blottit derrière contre les barreaux, enfouit sa tête sous son aile rognée, et refusa obstinément, de manger, de boire et de bouger pendant tout le reste du jour.

Les gens autour d’elle défilaient comme des visiteurs auprès d’un malade, s’enquérant, parlant gravement. Indifférente, abîmée dans sa douleur, elle les laissait passer et dire sans autre geste qu’un hérissement frissonnant et comme frileux des plumes marquant avec la vie qu’un immense désespoir de bête agitait là ce pauvre corps désemparé et mutilé.

*

Mais chez Margot, jeune encore, les sensations étaient fugaces, les sentiments à fleur de cervelle, et après le sommeil de la nuit, car elle dormit malgré tout, elle avait non pas oublié complètement son sort et sa captivité, mais