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un temps de dégel qui confinait tout le monde à la maison, dans la paix somnolente des chambres chaudes, tandis qu’au dehors le paysage se dénudait, sale, gris, cinglé de pluie, fouaillé de vent, et semblant tituber de spleen comme un ivrogne qui reprend sa marche après avoir dormi dans les fossés du chemin.

Il y avait de l’ennui qui cernait la maison, qui assiégeait les êtres, qui filtrait au travers des murs : l’angoisse des changements de saison résonnant en coups sourds aux cœurs des humains, et que Margot égayait de ses sauts saccadés et de son babil fiévreux, ce qui décida ses maîtres à agir.

Bientôt, une main qu’elle jugea libératrice ouvrit la porte de la cage, et déjà Margot se précipitait sur l’ouverture, quand cette main, comme celle du braconnier de jadis, étendit toute grande sur elle la menace de sa quintuple pince de chair musculeuse et perfide.

Margot battit en retraite au fond de la cage, mais la main l’y suivit, volontaire et terrible, et bientôt elle plana sur son corps comme un