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lui firent augurer favorablement de la bénignité du deuxième, car la femme ne sentait pas le tabac et, encore que sa voix fût désagréable et criarde, elle se rapprochait un peu, par le timbre, de celle des êtres de sa gent, moins rude et moins rauque que celle du mâle. Mais, quand les enfants parurent, ce fut à leur taille plus rapprochée de celle du niveau de la table qu’elle les jugea différents des premiers. Elle n’était pas obligée de lever le bec pour suivre leurs yeux et elle n’avait pas à craindre qu’ils tombassent sur elle pour l’écraser.

Ce fut ainsi qu’elle commença à connaître les êtres et les choses domestiques. Les enfants vinrent pépier autour de sa cage, l’appelant de vocables adoucis et caresseurs qu’elle écoutait le cou tourné de côté avec une allure féminine un peu coquette, lui passant à travers les barreaux de petits morceaux de biscuit et de gâteau, auxquels, de temps à autre, elle donnait un coup de bec rude et précipité, qui faisait cascader le rire dans leur gorge, à son grand ébahissement.