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mes sauvages découvertes sous la pourriture humide des frondaisons déchues.

Que de lièvres pincés aux croisades des tranchées, aux carrefours des chemins de terre, de levrauts occis dans les champs de trèfle ou de luzerne, et les perdrix surprises dans leurs nids, et les œufs goulument gobés, et les poules hardiment volées derrière les métairies sous la menace des molosses et des coups de fusil des fermiers !

Les heures se traînaient horriblement identiques, augmentant de nouveaux tiraillements la somme de ses souffrances.

Stoïquement immobile, l’estomac appuyé sur le sol comme s’il voulait le comprimer, Goupil, pour oublier, se remémorait les dangers anciens auxquels il avait échappé : les fuites sous les volées de plomb, les crochets pour dépister les chiens, les boulettes de poison tentant sa faim. Mais il revoyait surtout se lever, avec une précision plus terrible, du fond des jours mauvais, certaine nuit d’hiver dont tous les détails s’étaient gravés en lui ; il la revivait entière dé-