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cou se hérissèrent et son œil noir, en s’agrandissant, brilla plus intensément.

Alors l’ennemi resema du grain dans la cage et mit de nouvelles sucreries entre les barreaux, tandis que Margot, ahurie et enflant son aile, reculait vers le côté opposé, le bec fixé vers lui.

Puis il se mit à sa besogne, et, tout en vaquant, le balai à la main, aux soins de propreté de la cuisine, du coin de l’œil il surveillait la pie, pour voir si elle ne toucherait pas aux friandises qu’il lui avait renouvelées. Margot n’y songeait guère ; elle voyait des nuages de poussière s’élever et s’enfuir devant le balai de l’homme qui la guettait ; elle sentait peser sur elle la question de ses regards louches ; elle se croyait le but de ses efforts et de son travail et faisait des recherches louables pour déduire logiquement, des faits et gestes qu’elle lui voyait accomplir, l’idée qui pût se rattacher à son sort.

Deux idées directrices se combattaient dans sa cervelle : les mouvements et les bruits de l’homme lui étaient-ils favorables ou hostiles ? ou, pour être plus précis, car les deux idées qui