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ainsi puisée, dans un renversement du cou et un redressement du bec qui semblaient une contemplation du plafond ou une extase mystique, et elle recommença plusieurs fois de suite ; ainsi buvait-elle jadis aux flaques fraîches perdues aux combes marneuses des sous-bois de liberté.

Alors dans la semi-tranquillité des besoins primordiaux presque satisfaits s’associa dans son esprit cette première idée que les êtres bruyants et terribles qui l’entouraient n’en voulaient peut-être pas à sa vie, puisque seuls ils avaient pu, forçant la retraite et sans lui faire de mal, lui donner la nourriture dont elle avait besoin. Toutefois, craignant un piège ou une reprise, peut-être même une fuite de cette provende prisonnière au fer de ses barreaux, elle se hâta de dévorer tout ce qu’il en restait en entendant dans retable voisine le clairon criard des coqs et des aboiements de chien.

Elle connaissait les seconds, qui ne l’inquiétaient que médiocrement, n’ayant jamais eu à souffrir ni à se méfier de ces braillards à quatre pattes dont le nez, même dans leurs courses les