Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lentement de l’ombre ; elle put les contempler inertes, mortes au mur ou sur le sol, et faire entre celles-là qui ne se mouvaient pas et les humains qui s’agitaient une première classification ; les premières n’étaient pas des ennemies, elles avaient une vie semblable à celles de sa forêt, les vivants seuls étaient à redouter.

Après ce premier et long examen où la curiosité presque toujours l’emporta sur la frayeur, et aussi naturellement que si elle eût été dans sa forêt, sans songer d’où pouvait lui venir cette provende inattendue, elle attaqua indifféremment les graines connues qui traînaient dans sa cage, et d’autres choses inconnues, des friandises odorantes et tentantes : gâteaux, biscuits, sucre, qu’une main providentielle avait emprisonnées entre les barreaux.

Sur une petite tasse, pleine d’eau tiédie où surnageaient des poussières complexes, elle aplatit son cou presque horizontalement, ouvrit le bec au niveau du liquide, l’y plongea tout entier en l’entr’ouvrant selon un angle très aigu, puis releva vivement la tête pour déglutir l’eau