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Les paupières de Margot, inhabituées, se fermèrent violemment sous cette clarté de lampes comme des rideaux insuffisants, une cretonne de chair mince à travers laquelle passait de la terreur filtrée par l’angoisse de sa première vision, et dans un cauchemar aussi long que dura la veillée elle eut la sensation confuse et atroce de forces tourbillonnantes, s’agitant autour d’elle, contre lesquelles elle était absolument impuissante à se défendre.

Puis ce fut tout de même la nuit et le silence et le sommeil. Ce sommeil fut un repos. Ce ne fut pas sans doute la douce béatitude des nuits d’été, à l’abri des vertes toitures élastiques, dans le voisinage pressenti des compagnes. Mais Margot ne faisait pas non plus partie des animaux supérieurs chez qui l’instinct conservateur, plus fort que le besoin de repos, fait veiller longtemps la bête, face à face avec le danger, attendant la défaillance dont elle profitera pour reconquérir la liberté perdue ; elle dormit donc et se reposa.

Éveillée avec l’aube, alors que tout reposait encore dans la maison ; elle vit les choses sortir