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attaque à son asile, mais quelle attaque ? — Et elle croyait que c’était les murs qui tournoyaient, les hommes qui couraient, les tables qui se dressaient, les casseroles, les meubles qui se mettaient en branle pour l’engloutir et la broyer dans leur tourbillon criard et désordonné.

Enfin l’obscurité se fit. Brisée par la fatigue, par l’émotion et par la faim, la prisonnière, habituée à reposer plus tôt, ferma malgré tout ses paupières. Un vent frais d’air sur ses yeux les lui fit rouvrir subitement ; une main sombre planait sur elle qui la frôla et disparut avec un bruit sec de ressort qui clique. La porte de la cage avait été de nouveau ouverte par l’ennemi ; elle n’était pas en sûreté dans sa palissade de barreaux.

Et, la tête ballottante, elle agitait avec ses dernières ressources d’énergie flageolante cette idée horrible, quand un jour factice, d’abord rougeâtre et fumeux, sembla trouer la pénombre, puis éclata en rayonnements vifs avec de grands îlots de lumière crue et des pans d’ombre violents qui faisaient des gouffres mystérieux où s’agitaient confusément des vies larvaires.