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et ses bourreaux la fragile palissade des tiges de fer. D’hostile, la cage devenait alliée et protectrice, car Margot ne pouvait attribuer la trêve dont elle jouissait qu’à l’impuissance où se trouvaient ses ennemis d’exécuter leurs desseins.

Elle devait vite revenir de cette opinion, mais, en attendant, incapable de se rendre compte de la résistance que les barreaux pouvaient offrir à une attaque inopinée, elle se sentait dans leur sein protégée d’un écrasement qu’elle eût cru inévitable sans leur rempart ajouré.

Toute la journée se passa ainsi en mortelles inquiétudes, en transes continuelles, au milieu d’un défilé incessant d’ennemis qui répétaient tous le même geste, porter à la bouche le verre rempli, comme pour indiquer à Margot, dans un langage d’un symbole accessible, la destinée qui la guettait.

Pourtant, nul ne lui fit de mal. Les plus méchants se contentèrent de tourner la cage, ce qui causait à la pie des frayeurs indicibles, car elle ne pouvait deviner la cause précise de ce tremblement de sa maison. C’était sans doute une