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voulaient apprivoiseurs et caressants, mais qui semblaient à Margot gros de menaces et la firent se jeter tout contre la paroi opposée de la cage, se demandant si elle ne menacerait ou ne frapperait pas à coups de bec ces griffes ennemies, plus frêles que les siennes, et dépourvues de pointes offensives.

Mais la peur fut la plus forte : il y avait autour d’elle un tel tintamarre de verres qui se choquent, de têtes qui se renversent, de cous qui se gonflent, de bras qui s’agitent, de liquides qui s’engloutissent !

Ah ! cent fois, mille fois plus redoutables que les éperviers et les busards ces ennemis géants, aux ruses multiples qui auraient épuisé d’une seule lampée la flaque d’eau limpide conservée par le pas d’un bœuf dans le terrain humide et marneux du sous-bois, et dont une seule bouchée l’eût fait disparaître tout entière dans l’immense réservoir du ventre.

Et puis toutes ces choses qu’elle ne connaissait pas, qui lui semblaient hostiles : les couteaux affilés, éblouissants, dont elle voyait la lame si