Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

basques, son cœur chaud d’oiseau jeune au sang vif.

Tout d’un coup, parmi un chaos confus, un tumulte violent d’odeurs étrangères, lourdes et chaudes, il se fit nuit autour d’elle, et ses yeux noirs, aux pupilles excessivement dilatées par l’horreur, furent comme blessés d’un choc de ténèbre.

Pendant quelques instants elle demeura ahurie sous le double effet combiné de ce déluge malodorant et de cette obscurité sinistre ; puis peu à peu elle s’accoutuma. Ce n’était pas la ténèbre de la nuit, c’était le demi-jour, sale et gris de la cuisine villageoise, de la pièce quelconque d’une maison rustique devenue auberge par l’ambition rabougrie d’un paysan, rentré de la ville avec quelques sous et que la nécessité d’une distribution mal comprise oblige à transformer en salle de débit.

Au centre, se dressait un robuste pilier de pierre avec de rustiques crochets en fer forgé, scellés à même dans la masse, aussi vieux que la bâtisse, auxquels pendaient des essuie-mains