Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ses plumes ébouriffées, son œil fou lui donnant sans doute un aspect étrange, car l’homme, en la fixant de ses yeux froids, pousse un éclat de voix sonore, un rire terrible qui l’agite tout entier et centuple encore la frayeur dont elle est saisie.

Alors il se baisse et dans une poigne rugueuse, étau formidable autrement puissant encore que les griffes qui la retiennent, elle se sent prendre les pattes, perd l’équilibre et reste suspendue au-dessus du corps de l’ennemie, serrée violemment aux deux extrémités par les griffes haineuses de l’une et la pince chaude et implacable de l’autre.

Un cri qui est déjà un râle s’échappe de sa gorge. Elle croit que c’est l’instant fatale et, dans le désarroi précurseur de la mort, laisse pendre comme deux rames mortes ses ailes inutiles.

Mais, tout d’un coup, elle sent se desserrer la griffe geôlière sous un pouce musculeux qui s’introduit contre sa chair comme un levier tout puissant. Elle respire enfin, elle n’est pas morte, sa tête est dégagée, son cou est libre. Elle n’est