Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idée fixe, serre toujours sa griffe de plus en plus fortement.

Margot s’étrangle, son œil devient rouge, son bec s’ouvre frénétiquement pour aspirer l’air qui manque à ses poumons, son cœur saute convulsivement, tandis qu’autour d’elle caquette et jacasse de nouveau la gent amusée maintenant de cette lutte farouche.

Les piaillements s’élèvent plus aigus, plus précipités, plus étranglés des combattantes, arrivées au paroxysme de la haine dans la défense réciproque de leur existence, quand, tout à coup, avec le déchirement d’air brusque des ailes qui prennent leur envol, un lourd silence tombe comme un ruissel de solitude sur les deux combattantes.

Un ennemi commun vient sans doute d’apparaître à l’horizon, et instinctivement, sans le connaître, pressentant l’homme, mais sans cesser de lutter avec rage contre son ennemie, Margot comprend qu’il faut l’éviter et se taire. Cependant l’autre continue de piailler de toute sa gorge, et bientôt surgit, distinct et brutal