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râles se mêlèrent en une cacophonie étrange dont les autres restèrent immobiles d’étonnement et silencieuses d’effroi.

Margot à tout prix voulut se faire lâcher, et comme ses râles étaient impuissants à décider la première à se dessaisir de ce grêle et mouvant point d’appui, il y eut entre les deux, sous les yeux ahuris de la tribu, un duel étrange et sinistre.

Les griffes de la prisonnière serrent à l’étouffer le cou de Margot, qui tire en arrière de toutes ses forces pour lui faire lâcher prise ; en vain. Ses pattes raidies par la colère et par le danger piétinent la terre gelée, et elle glisse et tombe allongée sur le poitrail de la compagne ; mais elle se redresse aussitôt, furieusement agressive, et cherche de son bec à demi perclus à lui percer la poitrine ou à lui crever les yeux. Elle ramène ses pattes libres dont elle enfonce les griffes dans le ventre de l’autre, en se rejetant en arrière dans l’attitude de l’effort le plus violent ; elle la piétine avec rage, mais l’autre, comme insensible à ses coups, roidie par une