Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la terre avec rage, bavant une salive noirâtre ; il s’usa les griffes, il se broya les dents, il se meurtrit le museau, il bouleversa toute la terre de la caverne. Impitoyablement le rocher tendait son impénétrable derme, et le misérable prisonnier, affamé, enfiévré parmi le chaos lamentable de la terre remuée, après avoir lutté jusqu’à l’épuisement complet de ses forces, tomba et dormit douze longues heures du sommeil de plomb qui suit les grandes défaites.


III

Sous les tiraillements violents de son estomac depuis longtemps délesté, Goupil s’éveilla parmi le désarroi morne du terrier. Une aube candide riait derrière sa faille de roc ; les bourgeons s’épanouissaient ; des gammes de verdure propageaient la joie de vivre sous le soleil et les concerts des rouges-gorges et des merles emplissaient l’espace d’une symphonie de liberté qui devait énerver horriblement les