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Trois étaient prises ainsi, celles qui, arrivées les premières, avaient choisi les places les plus commodes pour boire à même l’eau de la mare. Les autres, parmi lesquelles Margot, avaient été contraintes à se percher sur de grosses pierres qui n’y étaient pas les jours précédents, et faisaient autour de l’eau, sauf à l’endroit où se débattaient les sœurs captives, comme un collier ou un rempart.

Elles étaient obligées, pour atteindre la surface de la mare, de s’accroupir et de se pencher en avant, en tendant le cou, au risque de tomber et de se noyer parmi ces cables verdâtres de mousse qui dissimulaient un fond vaseux et traître.

Suspendant cette laborieuse déglutition de l’eau puisée à petits coups, elle essayaient en vain de comprendre le mal qui subitement venait d’atteindre leurs compagnes. En vain elles voletaient au-dessus et alentour ; les autres continuaient à piailler éperdûment en levant alternativement les pattes comme si elles avaient été atteintes d’une folie subite.