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se redressant en vain pour l’élan, refusaient de quitter le sol et d’exécuter le saut nécessaire pour prendre l’envol, car ce n’est pas immédiatement de terre que les ailes s’éploient pour la volée. Elles étaient là, aussi empêchées que les hirondelles aux pattes trop courtes, naufragées sur des grèves de boue.

Comme si une force invincible les eût clouées, elles restaient les pieds rivés, immobiles, battant des ailes et criant de détresse. Et Margot se demandait curieusement ce qu’elles avaient ! Avec bien des peines, les prisonnières réussissaient lentement à soulever une patte exténuée par l’effort, au bout de laquelle tenait, fixée à tous les ongles, comme une corde flexible qui s’étirait doucement sans se rompre, puis demeurait ainsi, s’allongeant ou se raccourcissant selon le mouvement de la patte, tandis que l’autre jambe restait immobile sous l’étreinte gluante qui la maintenait par en bas. Et si elles voulaient à son tour soulever cette autre patte, il fallait, pour donner à l’effort la force suffisante, reposer la première et se river de nouveau au sol.