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brume de la nuit, prenaient leur vol vers le soleil et s’égrenaient comme une semence épandue à la volée par les doigts du malin, au hasard des haies qui bordaient les prairies de la combe ou de la plaine. Elles y venaient chercher des fruits que la forêt leur eût facilement fourni, mais qu’elles préféraient quérir ailleurs.

Et comme si les éléments n’eussent pas suffi à brouiller sa vie, à attrister ses jours, voici que les choses, elles aussi, semblaient prendre à tâche de devenir leurs complices et de se liguer contre sa gent.

Un beau soir, à l’heure où le soleil du crépuscule faisait cuivroyer la surface polie d’une petite mare ombragée d’un saule, elle avait, le bec empâté encore de baies sucrées décrochées aux haies, rejoint vivement ses compagnes qui s’y abattaient toutes un instant avant de regagner l’asile de nuit choisi par l’aïeule.

Or, voici que, tout d’un coup, une des sœurs voulant s’enlever n’avait pu prendre son essor, et une autre de même et une troisième aussi.

Les pattes nerveuses repliées sur elles-mêmes,