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Les bruits les plus éclatants, les rumeurs les plus violentes n’effrayaient point Margot. Elle avait entendu le coup de tonnerre qui avait arrêté l’oreillard sans soupçonner sa provenance ; elle avait suivi, curieuse, et sans y rien comprendre, les gestes de l’homme, rejetant à l’épaule son long tube fumant et d’une main tenant en l’air le lièvre mort que, de l’autre appuyée sur le bas-ventre, il faisait pisser selon la vieille habitude des chasseurs.

Seule, l’odeur de la poudre l’avait incommodée et comme induite en méfiance, mais elle était tout de même restée sur son « foyard », à peine dissimulée, contemplant la scène, tandis que les merles s’étaient enfuis avec des sifflements aigus et que les corbeaux filaient au loin à tire-d’aile en poussant des croassements de rappel significatifs.

Margot n’avait jamais éprouvé le danger de la présence de l’homme ; mais tout de même à voir le lièvre inerte entre les mains de son vainqueur elle avait senti qu’elle devait se méfier de lui, bien qu’elle ne pût établir entre sa situa-