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forêt qui les conviait à se rassembler dans le chêne ou dans le foyard qu’elle avait soigneusement choisi pour la nuit, selon la lune, le temps, les vents ou autres accidents secondaires, et que son instinct de bête, augmenté de sa prévoyance d’aïeule, lui avait fait élire entre tous.

Elles se reconnaissaient à petits cris joyeux, étouffés, presque attendris, sautant de branche en branche, hésitantes, capricieuses, se querellant doucement pour une place qu’elles ne désiraient pas, se bousculant, animant l’arbre tout entier dont les rameaux, les feuilles s’agitaient de leur mouvement perpétuel et semblait exhaler la joie de receler toute cette vie fourmillante et heureuse.

Puis, petit à petit, au fur et à mesure que s’enfonçait le soleil, que diminuait la lumière et que planaient sur elles le mystère de la nuit et le danger d’attaques nocturnes, la rumeur s’assourdissait, se ponctuait de silences que ne troublaient bientôt plus que de légers cris tombant çà et là de branche en branche comme un bonsoir tardif ou un appel au sommeil.