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fantaisie meurtrière d’un chasseur désœuvré, en mal du coup de fusil où essayer son adresse.

Aussi, peu jalouse de la provende qui abondait dans la forêt, conviait-elle par un jacassement particulier, une sorte de roucoulement non disgracieux et presque tendre, les sœurs en maraude à venir partager au gros chêne de la clairière ou à l’alisier de la tranchée la robuste platée de glands ou le délicat dessert de fruits rouges et sucrés qu’elle avait découverts, et dont elles se gavaient toutes, à qui mieux mieux, en caquetant comme des hommes un peu ivres devant les reliefs d’une plantureuse ripaille.

Quelquefois, souvent même, elles accueillaient Jacquot, le cousin geai, faraud, parant son habit roux de passepoils bleus, qui s’en venait à leur invite cogner du bec lui aussi et se dilater le gésier jusqu’à l’étouffement.

Et tous les soirs, après la buvette en commun à la flaque du coin ou à la source du taillis, et les envols capricieux vers l’horizon, immobiles aux quatre coins du bois, elles répondaient à l’appel de l’ancêtre Margot, la vieille pie de la