Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maîtres des sentiments et des mobiles, étaient pour elle moins impérieux et les dangers moins pressants.

Ni les éperviers, ni les buses ne songeaient à faire de Margot leur pâture, préférant aux aléas d’une course et d’une lutte pour un morceau si peu friand, la chasse aux passereaux inférieurs, aux gallinacés sauvages, à la chair délicate, et incapables de se soustraire autrement que par la fuite à leur attaque impérieuse et violente.

Elle n’avait pas à s’inquiéter outre mesure de sa nourriture, car, peu délicate sur le choix des becquées, elle gobait indifféremment les insectes, les fruits, et n’hésitait même pas, l’occasion se présentant, à démolir ou à dévorer la couvée tardive d’un petit oiseau qu’elle assommait ou éloignait, à grands coups de bec, du nid où le retenait son instinct maternel.

Son plumage aux reflets changeants, son habit aux basques trop longues et comme étriquées, non plus que sa chair amère et coriace ne pouvaient guère tenter les humains, et elle n’avait réellement à craindre, mais elle l’ignorait, que la