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Radotante comme une aïeule en enfance qui répète sans savoir le même cri, monotone d’intonation et vide de sens, saoule du matin au soir, inconsciente de la dignité sauvage que, prisonnière, elle avait su garder d’abord avec ses geôliers, Margot la pie, ravalant pour le plaisir des humains ses besoins et ses gestes, ne se faisait plus depuis longtemps les amères réflexions qui avaient tant attristé les premiers jours de sa captivité.

Loin, bien loin maintenant la mer moutonnante des frondaisons, les corridors de verdure, les chênes hospitaliers où s’ébattait jadis, parmi les senteurs sylvestres, sa jeune liberté. Pourquoi, après avoir échappé à la glu de la mare, au trébuchet de l’oiseleur, au plomb du braconnier, à l’appeau du chasseur, s’être fait prendre et finir ainsi !