Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

joie. Autour d’elle, c’était des herbes inconnues et molles, au parfum mièvre ; les grillons chantaient, les vieilles perdrix chanterelles faisaient ti-irouit, « paye tes dettes », roucoulaient les cailles.

Et tout à coup, par delà le taillis touffu des herbes odorantes, les tiges raides des graminées d’où pendaient des grappes d’épis, les sombres ombelles des carottes sauvages et des berces, les colliers d’argent des grandes pâquerettes, elle entendit au lointain la rumeur monotone du chant de ses sœurs.

Sans souvenirs, sans essayer de rattacher ces deux branches de son existence cassées par l’aventure, elle bondit à travers les touffes dans la direction des voix, s’arrêtant à chaque saut pour se diriger sans encombre et sans perte de temps.

Elle sauta, sauta, vite, toujours plus vite, reprise dans l’orbe de la vie qui bruissait et l’entraînait.

Bientôt se dressa devant elle le quadrilatère de joncs qui bordait la mare au levant et qu’elle