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bre. Il attendait l’aube prochaine dans le pressentiment qu’elle apporterait le fait nouveau qui, confirmant ses soupçons ou raffermissant ses espérances, le ferait décider de la conduite à tenir.

Les heures succédèrent aux heures. La lumière de la lune devint plus éclatante et détacha sur le ciel qui semblait noir le profil plus noir des branches au bout desquelles les renflements des bourgeons, à l’extrémité invisible des rameaux, formaient sur la forêt comme un brouillard léger.

De longues files de ramées, alignées parallèlement, et coupées par les bûcherons après la montée de la sève, prolongeaient en d’infinies perspectives des pousses mourantes.

Les merles, qui, au crépuscule, rivalisaient d’entrain et lançaient aux quatre vents les harmonies de leurs solfèges, s’étaient tus depuis longtemps. Seul, le tambour du vent roulait sans hâte et sans cesse à travers les branches, relevé çà et là par quelques miaulements de chouettes ou ululements de hiboux, tandis que