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vie, et les paupières, allongées par la mort, surplombèrent de nouveau le cercle d’or de son regard étonné. Elle eut un papillotement, ses yeux se fermèrent et les pattes se rassemblèrent instinctivement sous son corps.

De nouveau elle perçut le monde extérieur : ses yeux virent, ses membranes tympaniques se tendirent, sa peau verruqueuse frémit. Elle laissa les sensations l’imbiber, puis les chercha : elle regarda et écouta.

En haut la nuit était drapée comme chaque soir avec ses larmes d’or pareilles aux yeux des compagnes, inaccessibles vers-luisants des prés noirs d’un paradis promis, mais il manquait à ses habitudes le peuple des sœurs, les palais de roseaux et la bonne humidité coutumière du marais.

Comment avait-elle bien pu faire pour déserter cet asile ? Quelle poursuite endiablée de sauterelles l’avait entraînée si loin ? Que s’était-il passé ? Rien ne répondait. Il fallait à tout prix retrouver l’élément essentiel de sa vie, la bonne eau tiède où elle s’ébattait avec aisance et avec