Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nervures délicates comme de tendres feuilles n’étaient pas encore refermées que déjà Rana, détendant ses pattes de derrière, la gueule ouverte, l’engloutissait en retombant dans l’eau qui sembla ployer sous elle ainsi qu’une couverture élastique.

La chasse recommençait.

Des insectes de couleur, des mouches tournoyaient sur la mare avec un petit vrombissement qui se mariait aux vibrations continues des couches d’air surchauffées se balançant au-dessus de l’eau.

Des « pflocs » consécutifs entre les roseaux indiquaient que la vie palpitait sur la mare, des vols d’oiseaux zébraient l’azur, des cris de faucheurs, des hennissements d’étalons sillonnaient la plaine, des pas lourds de bœufs ébranlaient la terre.

La conscience renaissait en Rana réveillée lorsque, tout à coup, des chocs brusques, précipités et consécutifs de compagnes plongeant dans l’eau l’immobilisèrent en lui annonçant un danger.

Quel danger ? L’homme, le pas d’un bœuf ?