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La mare stagnait, écrasée sous le soleil d’un midi de juin. Un voile transparent de vapeur impalpable, comme faufilé aux grands roseaux de la rive, en couvrait de sa gaze ténue le miroir étincelant. Les grandes feuilles larges des plantes aquatiques, les agglomérats d’algues d’eau douce, les câbles entortillés et verdâtres de vauchéries simulaient des trous d’usure que les saisons auraient faites dans son tain flamboyant, son tain que rénovaient et changeaient au fil des jours et au cours des nuits la touche vigoureuse des coups de soleil ou la caresse laiteuse des rayons de lune.

Les saules qui la bordaient au couchant serraient leur ombre sur leur fût comme des femmes qui ramassent leurs jupes autour de leurs jambes pour se protéger des flaques de chaleur et des éclaboussures de soleil.

Des bulles légères de gaz, comme des défauts