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à face avec ce trou noir qui le regardait fixement et l’œil rond de l’homme rivé sur le canon, qui le fixait aussi, sentit comme un malaise pénétrant et profond et un choc étrange en lui.

Il aurait voulu fuir et ne voyait point de danger. Il sentait pourtant quelque chose d’angoissant qu’il ne comprenait pas, qui pourtant le menaçait et le liait à cet assemblage étrange que ses yeux ne pouvaient plus quitter, fascinés qu’ils étaient par ce trou fixe et sans paupière.

Plus avant sa tête anxieuse aux yeux plus fixes se penchait, attirée par le gouffre de ce regard vide et par l’éclat flamboyant de l’œil qui semblait le surplomber.

Ah ! le grenier aux provisions, les belles noisettes jaunes, les faînes bien pleines, les calmes journées de l’hiver bien au chaud dans le logis aérien, tranquille et sûr !

Guerriot sent sa tête qui ne pense plus ! Il faut fuir, fuir ! Brusquement il va secouer ce charme, tenter le geste, esquisser l’élan. Trop tard ! Un immense éclair rouge jaillit de l’œil vide, un saisissement plus grand et plus fou