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eussent été soucieux de n’en rien laisser surprendre à un intrus, le vaste essor touffu d’un rameau de chêne, sentinelle avancée dans le ciel, s’étendait en haut comme une main pudique pour cacher cette espèce de nudité partielle à tout regard indiscret.

Attentif aux bruits, égayé d’un rayon de soleil, d’un vol d’oiseau, d’un bourdonnement de mouche, Guerriot s’arrêtait parfois au faîte d’un rameau balancé, saluant l’espace, défiant le vide et repartait de plus belle dans une détente fantastique de muscles, une explosion de nerfs qui le faisaient jaillir plus haut que son but sur lequel il retombait gracieux, en un ploiement élastique des branches, les pattes en avant, la queue droite, les griffes tendues comme des crampons solides et sûrs.

Justement le sentier, silencieux à son départ, s’égayait d’un rappel de merle au pied du gros chêne.

Qu’est-ce que pouvait bien vouloir cet ordonnateur austère, au frac éternellement correct, des concerts printaniers à cette heure du jour ?